Plus rien ne sera comme avant : l'Homo Viator a du plomb dans l'aile

De tous temps la curiosité a poussé l’homme à chercher ailleurs une herbe plus verte. Avec l’avènement de l’ère industrielle, il a disposé de nouveaux modes de déplacement sans cesse plus rapides. Après la deuxième guerre mondiale, une économie du mouvement est née. Enfin le politique a érigé en mantra la liberté de déplacement, d’abord des hommes et des idées, puis des marchandises, ouvrant grande la porte à l’économie mondialisée.

Dans ce contexte, le surgissement de la pandémie ne doit rien au hasard. Comme le lent déplacement des plaques tectoniques porte en lui le tremblement de terre soudain et dévastateur, l’Homo Viator a inconsciemment et lentement préparé les conditions nécessaires et suffisantes à la propagation irrésistible des virus.

L’Homo Viator n’est pas stupide. La légèreté avec laquelle il s’est précipité dans le maelstrom qui menace aujourd’hui de l’engloutir s’explique par une quête aveugle d’un bonheur consumériste immédiat, encouragée par une économie elle-aussi obnubilée par le profit à court-terme. Le politique, pourtant garant du bien-être du citoyen et de la pérennité de la société, a lui-aussi abandonné toute vision prospective pour satisfaire au jour le jour les exigences d’enfants gâtés.

L’Homo Viator est donc myope. Il a traité de Cassandres ceux qui l’étaient moins que lui et perturbaient sa quiétude par des prophéties alarmistes. L’Homo Viator refuse les risques. Rien de désagréable ou presque ne lui étant arrivé depuis 70 ans, au moins en Europe, il ne peut prévoir la tempête.

S’il est un enseignement de la crise, ce n’est pas d’abandonner le modèle social et économique qui nous y a plongés. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Par contre, apprenons à avoir une vision prospective et à percevoir les risques associés à nos choix. Nous pourrons alors les assumer et les contrôler.

Ce nouveau paradigme est individuel et collectif. Il concerne chacun d’entre nous dans nos choix de vie et de consommation. Il concerne aussi les entreprises qui doivent impérativement identifier et maîtriser leurs impacts sur leurs propres objectifs économiques, mais aussi sur leur raison d’être sociétale. Enfin, et surtout, il concerne le politique qui doit prévoir, c’est-à-dire peser les impacts de ses décisions. Si une analyse de risques avait été faite, jamais la France n’aurait détruit son stock de masques. Il est urgent de créer un ministère de la gestion des risques !

Depuis plus de 25 ans, les associés d’ARISKAN travaillent sur la gestion globale des risques avec les entreprises et les collectivités pour une meilleure anticipation des évènements redoutés. Nos clients ouvrent les yeux sur leur réalité avec plus d’acuité et se trouvent plus à même à résister à l’impensable.

Rappelez-vous : « Celui qui chemine dans l’obscurité en chantant à tue-tête nie son anxiété. Ce n’est pas pour autant qu’il fait plus clair » (Socrate).